Notre aventure en Belgique 2012-2013

Notre aventure en Belgique 2012-2013

La chute...

16 novembre 2012. Il y a des journées qui nous marquent à vie, des journées qui devaient se dérouler d'une certaine façon mais qui prennent une tournure des plus inattendues. Le 16 novembre 2012 fut une journée comme celle-ci pour nous. Alors que j'écris ces lignes, je vous rassure, tout est bien qui finit bien et on a eu bien plus peur que de mal. Probablement que plusieurs parents ont d'ailleurs vécu une expérience semblable ou même pire alors je sais que le partage de cette expérience me sert d'une part à extérioriser les émotions vécues et d'autre part à démontrer que tout le monde n'est pas à l'abri des petits ou plus gros accidents. J'ai partagé les détails de l'accident avec quelques-uns d'entre vous , d'autres en ont entendu parler par le biais de mes parents ou des parents de Max ou d'autres n'en sauront rien et ce, malgré Facebook car je n'en ai pas parlé sur Facebook. Je préférais en parler à tête bien reposée et avec tous les détails possibles afin que vous connaissiez l'histoire en entier et de plus, partagiez cette expérience avec ceux et celles qui lisent vraiment mon blog et non mon statut facebook parce qu'ils n'ont pas le choix :) 

 

Bon, je vais me défaire du ton dramatique tout de suite car comme je le disais plus tôt, il n'y a rien de dramatique à ce qui s'est passé mais au début, je vous avoue que je vivais la situation avec beaucoup d'émotions, d'autant plus que Max et Jeanne n'étaient pas avec nous. Mais aujourd'hui, une dizaine de jours passés, je permets même à Max de faire des blagues à ce sujet. C'est vous dire à quel point je suis à l'aise avec la situation!! Vous le connaissez Max, il a déjà emmagasiné un bon paquet de blagues sur l'incident alors croyez-moi si je lui ai donné le feu vert, c'est que j'étais réconciliée avec moi-même. Bon alors qu'est-ce que j'ai fait, ou si vous préférez, qu'est-il arrivé? Mon petit pou a fait un plongeon direct sur un palier de béton...

 

Petit retour en arrière comme je les aime. Il y a quelques semaines, j'ai commencé mes séances de kinésithérapie post-natale. En Belgique, le gynécologue vous prescrit de suivre un certain nombres de séances  de kinésithérapie (selon le type d'accouchement) afin d'aider les mamans à remuscler périné et muscles abdominaux. J'étais contente car j'ai rapidement trouvé une kinésithérapeute qui offrait ses services tout près de chez moi à Lasne. D'une chose à l'autre, on parle un peu tout en suant puisque je dois faire des exercices pendant les séances qui sont dirigées par Stéphanie. Rapidement, nous avons partagé quelques détails de nos vie respectives et après quelques traitements, nous avons même convenu que nous pourrions faire une activité ensemble puisqu'elle a une fillette de 21 mois. Je lui avais mentionné que je voudrais bien aller à la piscine avec Émile également et faire un peu d'exercice, j'avais adoré aller à la piscine avec Jeanne pendant mon congé de maternité. Ainsi, elle m'invite gentiment à la piscine le vendredi  16 novembre avec Juliette et son conjoint. Je me réjouis car je suis seule avec Émile et j'ai vraiment envie de faire une activité plutôt que de magasiner en ligne ou jouer sur mon iPad. Je m'informe auprès d'elle sur la piscine et comme elle est traitée au sel, que les vestiaires sont bien chauffés et que la température de la pataugeoire est à 37, je me dis que malgré les 3 mois d'Émile, je me sens en confiance pour y aller. Les cours d'aqua-nageurs avec Jeanne débutaient à 4 mois et c'était une piscine traitée au chlore alors mon jugement me dit que c'est bien convenable et que l'important est de ne pas rester trop longtemps, surtout la première fois. On s'y rend sans trop de soucis quoique nous sommes le vendredi en fin d'après-midi et que le trafic devient dense assez rapidement. Pas facile d'aller à la piscine avec un nouveau-né, j'avais déjà oublié!! Disons que les cabines de vestaires n'aident en rien, la coquille rentre à peine, je me tortille afin de mettre mon maillot et j'avais pourtant déjà mis le haut, heureusement!! Émile commence à s'impatienter car il a chaud et je soupçonne un numéro 2... Après l'avoir changé et mis en maillot, on rentre dans la pateaugeoire, malheureusement beaucoup plus fraîche que nous pensions mais tout de même, Émile semble bien s'amuser, il est en confiance dans l'eau et on y reste pas plus de 15 minutes. Je commence à avoir faim, mes amis proposent une crêperie pas trop loin de là, nous sommes à Louvain-La-Neuve, pas loin de la clinique où j'ai accouché. Bonne idée, je salive déjà à la pensée d'une crêpe pommes et camembert dont ils m'ont parlé! On s'amuse encore plus dans la cabine pour repartir, avec les maillots trempés, un bébé qui commence réellement à s'énerver et une maman qui a chaud-froid, plus de place pour s'habiller, heureusement que mes amis me donnent un petit coup de main. Rapidement, je remets Émile dans sa coquille sans l'attacher, on s'en va à pied donc je mets la coquille sur mes roues de poussette et on repart. Fabrice et Stéphanie me font rire, on dirait qu'ils savent pas pentoute où on s'en va....si je vous décrivais Louvain-La-Neuve, c'est une ville spéciale, une cité étudiante alors pour se rendre au centre névralgique, on doit se stationner en-dessous de la cité mais ce n'est pas sous-terrain, c'est la ville qui est située en hauteur. On entre par un des stationnements mais on ne trouve pas l'ascenseur. Je suis habituée avec ma poussette, je prends régulièrement les escaliers, les grosses roues de derrière permettent de monter et descendre sans trop de mal ni pour bébé ni pour maman. Or je ne suis aucunement préparée à ce qui va se passer. En montant les escaliers, Fabrice, animé par sa gentillesse qui me semble bien naturelle, décide de me venir en aide et de prendre le devant de la poussette. J'apprécie le geste puisque c'est évidemment plus facile de monter ainsi et je me concentre sur le devant afin de ne pas acccrocher personne en montant. J'en oublie mon fils, je ne le regarde même pas mais j'entends un drôle de bruit. Un bruit sourd comme si on avait jeté un paquet avec des couvertures par terre. Et je le vois. Mon petit homme par terre, face contre béton en petite boule, je peux pas vous expliquer comment mon coeur s'est serré, il était au plus petit de sa forme, serré comme un petit pois séché. J'ai rapidement été prise de panique, il a pleuré dès que je l'ai pris, ce qui était rassurant mais je n'étais pas du tout rassurée. Je le serrais contre moi, je le regardais, je n'arrivais pas à croire qu'il venait de faire un plongeon sur le palier de béton. J'avais oublié de le rattacher et en montant le derrière de la poussette, Fabrice a bien malgré lui projeté mon fils sur le sol. Je vois apparaître un hématome sur le côté droit de sa tête, je panique encore plus, qu'est-ce que j'ai fait à mon bébé?? Je pleure et pourtant, aucune larme ne sort, je ne sais pas quoi faire et dans un geste désespéré pour le calmer car il hurle à pleins poumons, je lui donne du lait que j'avais en réserve. Stéphanie essaie de me rassurer et de me calmer, j'apprécie mais je me sens complètement désemparée et je me mets déjà à penser à Max et au fait que je devrai lui expliquer ce qui vient d'arriver. Finalement, après ce qui me paraît une éternité mais qui devait être environ 4 minutes, je demande à un homme qui se trouve dans la cage d'escalier d'appeler une ambulance. L'homme s'exécute rapidement ne sachant pas trop ce qui se passe et moi je ne réalise pas que je devrais peut-être lui mentionner que c'est pour mon bébé. Je saurai beaucoup plus tard qu'il avait mentionné au 112 (équivalent du 911 au Québec) qu'une femme déprimée avec un bébé avait besoin d'une ambulance..... On se rend en face du cinéma, l'ambulance devrait s'y trouver dans 10 minutes. C'est beaucoup trop long quand tu penses que ton fils est peut-être en train de souffrir ou quand tu ne sais juste pas si c'est grave, je n'avais aucune aptitude à déterminer si c'était grave ou pas, j'avais perdu mon rationnel. L'ambulance arrive enfin, je marche vers le véhicule avec Émile dans les bras et j'essaie d'expliquer ce qui s'est passé aux deux hommes sans pleurer. Lorsque je mentionne que je lui ai donné du lait, l'un deux s'exclame en me regardant avec dédain: Madame, c'est bien la dernière chose qu'il fallait faire, lui donner du lait!. Et de lui répondre avec tout le tact qui me restait....: Monsieur, c'est bien la dernière chose qu'une mère qui vient de faire tomber son fils par terre a envie d'entendre présentement!. Vlan dans les dents mon champion, je viens du Québec et on parle pas de même à une mère qui se sent responsable d'avoir blessé son bébé de 3 mois. 2e tour d'ambulance à vie, mais tout un!! Je suis attaché sur un banc avec une ceinture qui fait le tour d'Émile et moi mais qui nous retient à peine et je le tiens collé contre moi. Le conducteur que j'ai envoyé paître nous demande s'il est conscient, il aurait voulu qu'on le place sur le brancart. L'autre homme, qui entretient la conversation avec moi et m'aide à me détendre enfin, pense qu'Émile est beaucoup mieux sur sa maman. Il est endormi parce qu'il est épuisé le pauvre chaton mais bien conscient car il tète sa suce plus fort que jamais. Appeler une ambulance aura été ma meilleure idée de la soirée puisqu'avec le trafic du vendredi soir, on se serait probablement rendus à la clinique en 2h et en pleine panique alors qu'avec l'ambulance, ça s'est fait en 15 minutes non sans sirènes et sans mouvements brusques par contre. Pour vous dire vrai, j'avais la chienne et je me disais que je mourrais peut-être ici maintenant, le tout par ma faute...

 

En arrivant enfin à la clinique, la panique me reprend un peu car je dois à nouveau expliquer ce qui s'est passé et en le racontant, je trouve ça pénible parce qu'en même temps, je me sens coupable et je me rappelle que je dois appeler Maxime pour l'aviser mais il est encore trop tôt. Je ne peux pas l'appeler maintenant parce que je suis bien trop stressée pour lui communiquer quelque chose de cohérent et de plus, je ne sais pas encore si Émile a une fracture ou quoique ce soit. Ils s'occupent de nous en priorité et ils sont géniaux, on me demande encore de me calmer afin de permettre à Émile de se détendre. Ça fait un peu mal de constater qu'on manque de contrôle sur soi surtout quand c'est un étranger qui te le dit mais en même temps, c'est ce qu'il me faut pour me ressaisir et me faire réaliser que c'est assez, je ne peux rien changer à ce qui s'est passé de toutes façons. Les examens initiaux sont rassurants, Émile ne semble pas avoir perdu connaissance et ne présente aucun signe de commotion, il n'a même pas vomi son lait, il pleure vigoureusement pendant qu'on l'examine mais se rendort rapidement dans mes bras. On me répète souvent que la tête des bébés est encore très malléable alors c'est une chance, bla bla bla....je sais bien mais malléable à quel point?? On lui fait des radiographies de la tête et on me dira ensuite si je dois rester pour la nuit avec lui, ils ne savent pas encore à ce stade. J'attends, j'attends, j'attends tranquillement et je commence à préparer les mots qui me serviront à exprimer et expliquer la situation à Maxime. Bêtement, j'ai oublié mon téléphone aujourd'hui, ben oui et je ne connais pas son numéro de cellulaire européen par coeur or je le contacte toujours sur ce téléphone puisque j'ai un cellulaire européen moi-même ici. Frustrant. Mes amis sont là, ils attendent avec moi, ils ont été chercher ma voiture pour la rapporter à la clinique, ils m'ont acheté de l'eau et du chocolat, je suis contente de ne pas être tout à fait seule. La pédiatre vient finalement me voir, son regard est sérieux mais je suis persuadée qu'on nous dira de retourner chez nous. Pourtant, on ne me dit pas ce que je veux entendre mais étrangement, je sais que tout ira bien quand même. Émile a une bonne fracture du pariétal droit (os du crâne du côté droit), il doit rester au moins cette nuit sous monitoring, c'est une précaution qu'il faut prendre si un bébé présente une fracture. Maintenant je dois attendre qu'on nous prépare une chambre alors je profite de l'occasion pour emprunter le téléphone de Fabrice et je tente d'appeler Max sur son cellulaire de Montréal, sans succès. Premièrement, il ne reconnaîtra pas ce numéro et il pensera que c'est quelqu'un de Belgique qui appelle pour je sais pas quoi alors qu'il est en congé, c'est certain qu'il ne répondra pas et je ne le blâme pas. J'ai appelé au moins 10 fois, je me dis que Fabrice regrettera de m'avoir laissé son cellulaire!!! J'appelle chez mes beaux-parents parce que je sais qu'ils sont ensemble mais ils étaient partis voir notre nièce Lilie-Rose. J'appelle mon père en priant pour qu'il soit à la maison et j'essaie de lui dire calmement que je dois parler à Max mais c'est pas évident. En plus, je veux donner tous les détails à Max car je me dis que c'est son droit de papa de savoir ce qui s'est passé le plus vite possible mais je dois quand même dire à mon papa à moi ce qui s'est passé de la manière la plus cohérente possible, j'y arrive à peine, mes mots sortent tout croche. Au moins je serai davantage préparée pour l'appel avec Max, ce que je me dis. Finalement, j'arrive à parler à Max et je me sens atrocement mal de devoir lui raconter tout ça alors qu'il se trouve si loin de nous. Je le connais mon Max, il se sent tout croche de ne pas être là pour nous, ce qui est tout à fait normal mais bon j'ai l'impression de faire souffrir tout ce monde autour de moi et je me sens encore très responsable de ce qui s'est passé. Après l'avoir rassuré autant que j'ai pu, nous avons finalement eu notre chambre en pédiatrie. Et dire que 3 mois plus tôt, j'étais de l'autre côté du corridor, dans la section rose, à la maternité, et je donnais naissance à mon petit trésor. On passe finalement deux nuits à la clinique sous monitoring, on écoute donc son coeur pendant qu'il dort, on vérifie le taux d'oxygène dans son sang et sa tension artérielle. Les deux nuits passées à la clinique furent à la fois pénibles et agréables. Pénibles parce qu'on voit les enfants malades et on les entend se réveiller la nuit régulièrement en pleurant, on se réveille aussi en sursautant quand le moniteur se met à sonner parce que la tension chute ou que le taux d'oxygénation descend trop bas parce qu'il bouge trop par exemple. Agréables parce que j'ai redonné à Émile pendant ces 48 heures toute l'attention qu'il méritait, il était calme et heureux parce que j'étais là pour lui et il s'endormait mieux qu'à la maison, ne sentant probablement pas la brassée de lavage que j'ai parfois derrière la tête ou un repas que je dois préparer ou sa soeur dont je dois m'occuper. On était là les deux ensemble comme à nos débuts, je m'occupais seulement de lui et il était à nouveau le centre de mon univers pendant ces quelques heures. Comment vous expliquer, ça m'a ressourcée et ça m'a à nouveau fait réaliser l'immense chance que nous avons, Maxime et moi, d'avoir deux enfants en parfaite santé. Certes, Émile a une fracture mais il s'en sort finalement avec RIEN, même son hématome semble le bouder et disparaît doucement, il n'y a que moi qui le perçoit car je sais exactement où il se trouve. J'ai réussi à parler, imessager (vive mon iPad et le Wifi!!) et skyper avec mes parents, les parents de Max, ma soeur, la soeur de Max tout au long du séjour, je leur envoyais des photos du blessé grand sourire au visage afin de les rassurer. J'ai aussi passé les deux nuits à réfléchir et à tranquillement débuter le processus afin de me pardonner.

 

Vous avez bien lu et je le pense vraiment. Il ne faut surtout pas me dire de ne pas me sentir coupable, ça ne sert à rien et la culpabilité, à petite dose bien entendu, est un sentiment qui est à mon avis très sain. Je me sens responsable en partie de ce qui est arrivé mais le plus important selon moi n'est pas comment je me sens mais comment je vais ressortir de cette petite épreuve et ce que je vais en apprendre...et si je remets à nouveau Émile dans son siège d'auto sans le rattacher immédiatement, je vous le dis tout de suite, je suis une idiote ou je ne me suis pas sentie assez coupable ;) Voilà, j'ai fait une erreur et c'est un accident...qui aurait pu être évité si j'avais rattaché Émile comme il se doit. Je n'avais pas l'intention de le blesser, tout le monde le sait, mais j'aurais pu réussir à minimiser les risques au maximum et comme on dit en langage moderne: 'I failed'. Possiblement que quelques mamans ou quelques papas se reconnaissent dans cette situation alors si vous pouviez en retirer quelque chose vous aussi, ce serait déjà un bon début et j'en serais heureuse! Aujourd'hui, presque 2 semaines plus tard, je me suis pardonnée et j'attache Émile systématiquement dès que je le mets dans son siège d'auto, n'est-ce pas merveilleux d'apprendre de ses erreurs? Erreur qui ne fut pas fatale, je me sens quand même privilégiée :) 

 

Sur ce, je vous quitte ici en vous disant que nous allons tous bien et que l'aventure se poursuit en Belgique. Je vous joins deux photos du petit qui témoignent de sa vigueur, de sa santé et de sa grande beauté, hihi. Nous irons au Québec sous peu pour célébrer Noël avec notre famille mais nous ne manquerons pas de célébrer la Saint-Nicolas le 6 décembre afin de rendre honneur à notre vie européenne. Merci de me lire.

 

À venir sous peu, une petite recette typiquement belge!

 


 

 

 

 

 



27/11/2012
4 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 27 autres membres